Dans le désastre industriel des rêves d'une maîtrise totale de l'espace, le Capital dévoile sa véritable nature : réificatrice et mortifère. Les marchandises - prétendues valeurs d'une époque - traduisent dans l'abandon de leur matière brute leur vacuité et inutilité. Trop souvent en laissant comme cicatrices prétentieuses de la vanité humaine leur nocivité physico-chimique manufacturée.
Il ne suffit pas d’être attentif pour percevoir ce danger. Quand la pluie tombe, quand le vent se lève, quand on chute la figure à même le sol, ce qui nous pénètre ce n’est pas une nature brute, mais les effets d’une technologie qui nous renvoie à nos misérables prétentions rationalisantes. Nous ne sentons plus la terre irriter notre peau, la pluie inonder nos vêtements , nous ne voyons plus de loin le nuage de poussière s’approcher, nous ne respirons plus l’odeur d’un incendie. C’est l’invisible permanent derrière lequel la valeur s'est reproduite, qui porte le danger, pour qui n’a plus les moyens de lire les signes de cet imperceptible.
Notre relation est dénaturée. Le paysan qui connaît la terre qu’il travaille, sait lire son acidité, sa fertilité, tandis que l’ignorant ne voit que de la terre indistinctement. L’ami véritable sait lire dans les traits de l’autre son inquiétude ou son mensonge. Nous ne savons plus apprendre à lire les nuages, à reconnaître ceux qui portent la pluie de ceux qui apportent le beau temps.
Nous marchons dans un monde en étrangers les uns des autres, en exilés permanents, que la nature viciée s’efforce de combattre en survivant comme elle peut. Pour comprendre ce monde dans lequel nous errons, il faut se mettre à sa mesure. À la mesure d’un monde qui est créé par la technologie - donc la valeur comme sujet automate - dans laquelle nous devenons un outil parmi d'autres, un produit de sa production.