Certains
lecteurs attentifs me font remarquer avec un brin d'agacement, la
récurrence de références à un certain nombre d'auteurs "d'un autre temps"
(sic !), dont je persiste à penser que s'ils apparaissent comme des
Vieux - puisque pour la plupart tous décédés - la pensée reste
résolument moderne. Ce qui donne valeur à la construction de l'esprit,
ce n'est pas tant son caractère opératoire immédiat sur le réel, que la
dimension de dévoilement des processus et contenus latents, qui ne nous
apparaissent jamais immédiatement, embués que nous sommes par les
déterminismes psycho-sociaux dans lesquels nous nous débattons au
quotidien.
De
ce point de vue, il est rassurant de savoir que la conscience critique
perdure, en dépit des conditions d'existence dans lesquelles le Capital a
assignées nos vies atomisées. Si la question anthropologique cruciale
de l'Héritage a longtemps été arraisonnée aux conditions marxiennes de
la lutte de classes, il y aurait dès lors une certaine forme de paradoxe
à constater que les Vieux ont également réussi à transmettre : pour un
nombre d'héritiers certes modeste, mais dont la qualité pour faire
renaitre le capital transmis, mérite plus que de l'intérêt.
Car
le capital symbolique est peut-être le seul et unique capital qui
vaille, dans un monde où l'absolu règne généralisé des marchandises,
nous mène - comme à notre insu - sur le chemin de la sauvagerie
collective. Il nous faut nous réapproprier un certain nombre de
prédicats du jeune Karl Marx, qui critiquait aussi bien le mode de
distribution que le mode de production capitaliste, en partant de
l'analyse des catégories - (historiquement déterminées par un mode
d'organisation : celui du Capitalisme naissant du XIXè) - que sont le
travail,
la marchandise, l'argent, le fétichisme et la valeur. Il y développait
la notion de borne interne : la raison et la logique instrumentale
(issues des sciences) principes moteurs de la logique du capital,
engendreront par un mouvement dialectique négatif, le déclin de la
praxis humaine, pour laisser se déployer sans horizon et sans sens, les
notions de sujet-automate :
Le travail automate :
- ce qui donne une valeur initiale (usage) à une marchandise produite c'est le travail humain;
-
mais ce qui donne de la survaleur à la même marchandise généralisée,
c'est la disparition du travail humain (et de sa valeur) ;
La marchandise automate
-
ce qui donne une valeur initiale (usage) à l'automatisation de la
production de marchandises, c'est la mise en circulation d'une quantité
infinie de mêmes marchandises ;
-
mais ce qui donne de la survaleur à cette sur-quantité, c'est la
circulation d'argent nécessaire pour les produire, les distribuer et au
besoin les détruire, donc la disparition de la marchandise (et sa
valeur);
L'argent et la valeur automates
-
ce qui donne de la valeur initiale (usage) la circulation automatique
de l'argent c'est la création d'une frontière (à la fois réelle et
fictive) entre créance et dette ;
-
mais ce qui donne de la survaleur à la dette, c'est l'argent qui
valorise l'argent, désarrimé de toute contingence humaine et pratique.
Ad lib...
Aujourd'hui,
dans un système planétaire globalisé, le Capitalisme financier n'est
rien d'autre que ce nouveau stade où la survaleur du Capital ne peut plus fonctionner que sur un
processus d'automatisation de l'argent fétichisé.
Quelle est donc cette pulsion morbide qui anime tout sujet au détriment d'une exigence critique et éthique radicale ?
Quelques Jeunes Vieux y travaillent. Merci à eux.
http://www.palim-psao.fr/
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