Lundi
Une
fois qu’une “ chose ” perdure, elle devient
inéluctablement ridicule, sans autre charisme que bureaucratique et
comptable : institutionnel. L’expérience concentrationnaire est
l’opéra industriel de ce ridicule. La rationalité économique
étendue à toute la rationalité de l’esprit tue. Et ce ridicule
tue l’esprit ; ridicule comptable qui nous
rend identiquement maigres
et nus, rasés de prés, tous alignés les uns derrière les autres.
Les
quatre opérations fondamentales de la doctrine nazie étaient celle
de la
religion économie
: l’addition des juifs d’Europe ; la soustraction des juifs
d’Europe ; la multiplication des cadavres et des prisonniers en
Europe ; la Panzer Division du Travail en Europe au seul profit de
l’Allemagne nazie. De même, et logiquement, la doctrine
capitaliste libérale libertaire (précipité en voie d’achèvement)
: additionne de pseudo-équivalences (du vin, du linge, du travail,
des salariés, des pauvres, etc.) ; soustrait l’homme de l’homme
(elle aliène tout et le reste aussi) ; multiplie l’argent et
l’ordure, les spécialistes, les critiques et les catalogues ;
divise le travail et les fourmis qui sont pour ou contre la division
du travail. Au seul profit de la
world class. Pour
ces
Grossburgers de
la géofinance, ces grands propriétaires et leurs vétilleux
experts-comptables, leurs banquiers luthériens ou calvinistes, ou
pis encore, leurs politiques et kapos spécialistes : l’humanité
s’additionne, se soustrait, se multiplie et se divise. Pour eux,
l’humanité est un point de détail. Ce qui compte c’est le
chiffre d’affaire du monde, ce qui monde le monde, tout ce qui
purifie à
la saxon.
Ce qu’il y a de plus mondain : les trains, les rails, les
baraquements, la production de gaz, etc.
Mardi
Le
corollaire du chiffre, l’argent, est aussi sa Loi. L’argent, la
Loi écrite du monde, “ veut ” à la fois, et
insatiablement, l’universel
et le relatif : sa circulation, son expérience pure.
Le chiffre nous enferme en lui : il ne parle que de nous sans en
parler jamais. Le monde l’a compris. Ici aussi, ça sent la
charogne. Voici pourquoi ce monde passe son temps à fabriquer et des
emballages et du parfum, des désodorisants et la climatisation.
Mercredi
L’histoire
du monde c’est l’histoire de la moralisation de l’effort, de sa
rationalisation horlogesque, puis de sa sécularisation. L’histoire,
c’est la lente histoire du calcul(able) et de l’ordre et de la
propreté incorporés dans la peau de chacun. Il s’agit de la
“ mémorisation institutionnelle ” de
cette histoire
par nos esprits ; esprits déterminant nos abdomens fourmis.
L’histoire des idées confine à l’histoire de l’utilisation
sociale-militaire des chiffres — idée de l’économie-Dieu. Dans
cette idéologie anglo-saxonne, morale
chiffrée,
métabolisme mondial, le refoulement de la fourmi est l’essence de
la société, tandis que l’essentiel dans la fourmi est le
refoulement de ce qui n’est pas la société. Consubstantiellement.
Le
chiffre ne contient jamais l’infini(tude), il consacre seulement
l’“ esprit ” comptable. Cependant, chaque “ esprit ”
comptable a une fin... D’où l’expression : “ Quand on
n’aime pas, on compte. ”
(A suivre...)
)
Avec l'aimable autorisation des
Editions
Idéaux Carrés / Nantes.
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