mardi 27 décembre 2016

La ville comme opium de la Valeur



« Les grandes choses, il faut les taire ou parler d’elles avec grandeur, 
c’est-à-dire avec cynisme et innocence » (F. Nietzsche, 1885-1886)


Dès 1968, dans son ouvrage « Le droit à la ville » (Paris, Anthropos) Henry Lefebvre, dénonce (au coeur de sa pensée) la mainmise de la valeur d'échange sur la valeur d'usage. Elle s'organise en mettant la ville au service du système de production industrielle et, partant, de la société capitaliste.



Avec l’avènement de la société industrielle et le passage au mode de production capitaliste naît dans la ville une inversion du rapport entre valeur d’usage et valeur d’échange. Le passage au capitalisme et à l’ordre marchand provoque une mutation radicale qui inscrit la ville dans une marchandisation d’elle-même et de la vie quotidienne. La ville capitaliste prend la consommation comme centre de gravité : elle crée des lieux de consommation et devient elle-même une marchandise à consommer. Selon H. Lefebvre, dans la ville du Moyen âge occidental, les marchands et les banquiers s’établissaient autour de la place, du marché, de la halle, pour y promouvoir l’échange et le généraliser, pour étendre le domaine de la valeur d’échange; ce faisant, ils oeuvraient la ville et en faisaient usage. Ils constituaient un agent historique et social qui modelait la ville. Le marchand trouvait dans la ville son point de rencontre, son port d’attache, son lieu de stratégie. Mais la ville va peu à peu permettre la concentration des capitaux et l’accroissement de la productivité. Dans le même temps, l’importance de la production agricole va reculer devant l’importance de la production artisanale et industrielle du marché, de la valeur d’échange, du capitalisme naissant. Les anciennes centralités vont laisser la place à des centres de décision. Les noyaux urbains, anciens lieux de rassemblement et de rencontre, notamment en vue d’y promouvoir des échanges commerciaux, vont devenir eux-mêmes valeur d’échange, produits de consommation, sorte de simulacre authentique en trompe l’oeil où la ville ne sera plus que le spectre d’elle-même...
Avec des gens qui "se ruent vers les ruines des villes anciennes pour les consommer touristiquement en croyant guérir de leur nostalgie..."


1 commentaire:

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