" Et les plus anonymes et imperceptibles
sont des femmes et des hommes (...) à la peau couleur de
la terre. Ils ont laissé tout ce qu’ils avaient, même si c’était
bien peu, et ils se sont transformés en guerrières, en guerriers.
Dans le silence et l’obscurité, ils ont contribué et contribuent,
comme personne, à ce que tout cela soit possible. Je parle des
insurgé(e)s, mes compañeros.
Ils vont et ils viennent, ils luttent
et meurent en silence, sans tapage, sans que personne, si ce n’est
nous-mêmes, n’en tienne le compte. Ils n’ont pas de visage ni de
vie propres. Leurs noms, leurs histoires ne viendront peut-être à
la mémoire de quelqu’un que lorsque bien des calendriers auront
été effeuillés. Alors, peut-être qu’autour d’un foyer, tandis
que le café bout dans une vieille théière d’étain et que
s’allume le feu de la parole, quelqu’un ou quelque chose saluera
sa mémoire.
Et de toute façon, ça n’aura pas
beaucoup d’importance, parce que ce dont il s’agissait, ce dont
il s’agit, ce dont il s’est toujours agi, c’est de contribuer à
construire ces paroles par lesquelles commencent les contes, les
anecdotes et les histoires, réels ou fictifs, des hommes et des
femmes zapatistes/zadiste. Tel qu’a commencé ce qui aujourd’hui est une
réalité, c’est-à-dire par un : il y aura une fois..."
("Eux et nous", Chap VII, Doutes et ombres, Éditions de l'Escargot, Paris, 2013)
Rafael Sebastián Guillén Vicente
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