Le
langage de la société civile, de, de
tant de citoyens domestiques1,
c’est celui de réformer le code du travail
Le
langage du théoricien, c’est celui de la théorie.
L’optimisme
des morts, c’est celui du vivant.
Et
les mots que l’on possède ne possèdent jamais rien....
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Que les esclaves
romains fussent les esclaves de l’empire de Rome, c’est une
chose. Que les “ esclaves-citoyens ” soient esclaves de l’empire
qu’a sur eux le salariat et la bonne conscience du salariat (leur
rapport ou socialisme paisible), en est une autre.
Cependant, le
citoyen dont nous parlons n’est réellement ni un esclave ni un
citoyen, mais un
domestique. Petite
différence, certes. Mais il nous plaît ici de nous prendre pour
Aristarque, et de faire apprécier benoitement la différence qui
existe entre esclave et domestique.
L’esclave,
comme vous le savez — puisque vous avez tous lu Hegel — , reste,
malgré tout, maître, tant théoriquement que pratiquement, de sa
position d’esclave
(debout, assis, couché). L’esclave savait ce qu’il n’était
pas : un être humain libre. L’esclave pouvait haïr ses maîtres,
se détourner d’eux (au moins en théorie), et même essayer de
prendre leurs places (au moins en pratique). L’esclave ne maniait
jamais la science de la servilité. Il était seulement
esclave des princes. Il voulait vivre le pauvre bougre : “ Aux
armes etc. ”
En
revanche, le domestique est au service “ pur et parfait ” de ses
maîtres. Il lave, repasse leurs draps, fait leurs lits et s’y
glisse même, et surtout réforme le code du travail,
etc. Il admire la moindre action de ses maîtres, accomplit la
moindre prophétie de ceux-ci ; il leur est dévoué corps et âme.
Aucun acte, aucune parole, aucune humiliation ne sauraient le blesser
réellement.
Non, rien ne saurait échapper au domestique et au théoricien de la
servilité pour contenter
leurs maîtres et leurs nombreux petits congénères.
L’esclave,
comme vous le savez — puisque vous avez tous lu sur l’histoire de
Rome — , était l’homme des empires anciens. Cet homme, tant en
théorie qu’en pratique, pouvait s’affranchir ou être affranchi,
devenir un homme,
se révolter, devenir plus riche que certains patriciens. Ou, tout
aussi bien, accepter
la mort. L’esclave
romain, par exemple, c’était l’homme qui ne
se contente pas de sa
cage, l’homme qui ne se contente pas du simple désir
des autres, ni de conditions de travail décentes...Tandis
que le domestique, c’est l’homme de la République libertariste —
cette sorte d’homme ou cette sorte de femme - qui se contente de la
démocratie commerciale et comptutaionnelle, etc., Parce que la démocratie commerciale
et computationnelle se contente de lui et plus particulièrement de sa carte bancaire.
Et oui !
Ainsi
va le monde, avec ses aristocrates et
leurs esclaves, ses propriétaires et leur moyens de destructions, ses bourgeois
et leurs domestiques.
D’un “ coté ” de l’histoire, les aristocrates-esclaves, de
l’autre les bourgeois-domestiques. Les uns viennent de la guerre,
les autres du commerce. Mais à époques différentes, moeurs
identiques...
Avec l'aimable autorisation des Editions Idées au Carré