dimanche 27 mars 2016

De la servitude volontaire (encore et toujours...)



Le langage de la société civile, de, de tant de citoyens domestiques1, c’est celui de réformer le code du travail
Le langage du théoricien, c’est celui de la théorie.
L’optimisme des morts, c’est celui du vivant.
Et les mots que l’on possède ne possèdent jamais rien....
__________________________________________________


1 Que les esclaves romains fussent les esclaves de l’empire de Rome, c’est une chose. Que les “ esclaves-citoyens ” soient esclaves de l’empire qu’a sur eux le salariat et la bonne conscience du salariat (leur rapport ou socialisme paisible), en est une autre. Cependant, le citoyen dont nous parlons n’est réellement ni un esclave ni un citoyen, mais un domestique. Petite différence, certes. Mais il nous plaît ici de nous prendre pour Aristarque, et de faire apprécier benoitement la différence qui existe entre esclave et domestique.

L’esclave, comme vous le savez — puisque vous avez tous lu Hegel — , reste, malgré tout, maître, tant théoriquement que pratiquement, de sa position d’esclave (debout, assis, couché). L’esclave savait ce qu’il n’était pas : un être humain libre. L’esclave pouvait haïr ses maîtres, se détourner d’eux (au moins en théorie), et même essayer de prendre leurs places (au moins en pratique). L’esclave ne maniait jamais la science de la servilité. Il était seulement esclave des princes. Il voulait vivre le pauvre bougre : “ Aux armes etc. ”

En revanche, le domestique est au service “ pur et parfait ” de ses maîtres. Il lave, repasse leurs draps, fait leurs lits et s’y glisse même, et surtout réforme le code du travail, etc. Il admire la moindre action de ses maîtres, accomplit la moindre prophétie de ceux-ci ; il leur est dévoué corps et âme. Aucun acte, aucune parole, aucune humiliation ne sauraient le blesser réellement. Non, rien ne saurait échapper au domestique et au théoricien de la servilité pour contenter leurs maîtres et leurs nombreux petits congénères.

L’esclave, comme vous le savez — puisque vous avez tous lu sur l’histoire de Rome — , était l’homme des empires anciens. Cet homme, tant en théorie qu’en pratique, pouvait s’affranchir ou être affranchi, devenir un homme, se révolter, devenir plus riche que certains patriciens. Ou, tout aussi bien, accepter la mort. L’esclave romain, par exemple, c’était l’homme qui ne se contente pas de sa cage, l’homme qui ne se contente pas du simple désir des autres, ni de conditions de travail décentes...Tandis que le domestique, c’est l’homme de la République libertariste — cette sorte d’homme ou cette sorte de femme - qui se contente de la démocratie commerciale et comptutaionnelle, etc., Parce que la démocratie commerciale et computationnelle se contente de lui et plus particulièrement de sa carte bancaire. Et oui !

Ainsi va le monde, avec ses aristocrates et leurs esclaves, ses propriétaires et leur moyens de destructions, ses bourgeois et leurs domestiques. D’un “ coté ” de l’histoire, les aristocrates-esclaves, de l’autre les bourgeois-domestiques. Les uns viennent de la guerre, les autres du commerce. Mais à époques différentes, moeurs identiques...


Avec l'aimable autorisation des Editions Idées au Carré

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Point de vue de l’Aranea

    Ils avaient cherché refuge dans ces pierres ancestrales, accumulées les unes sur les autres depuis longtemps, et soudées par la magie d’...