"Les
mots faisaient primitivement partie de la magie, et de nos jours encore
le mot garde beaucoup de sa puissance de jadis. Avec des mots, un homme
peut rendre son semblable heureux ou le pousser au désespoir, et c'est à
l'aide de mots que le maître transmet son savoir à ses élèves, qu'un
auditeur entraîne ses auditeurs et détermine leurs jugements et
décisions. Les mots provoquent des émotions et constituent pour les
hommes le moyen général de s'influencer réciproquement."
Sigmund Freud, Introduction à la psychanalyse, 1916, Payot, 1965, p.7-8.
"L'efficacité
symbolique des mots ne s'exerce jamais que dans la mesure où celui qui
la subit reconnaît celui qui l'exerce comme fondé à l'exercer ou, ce qui
revient au même, s'oublie et s'ignore, en s'y soumettant, comme ayant
contribué, par la reconnaissance qu'il lui accorde, à la fonder.(...) La
plupart des conditions qui doivent être remplies pour qu'un énoncé
performatif réussisse se réduisent à l'adéquation du locuteur - ou,
mieux, de sa fonction sociale - et du discours qu'il prononce : un
énoncé performatif est voué à l'échec toutes les fois qu'il n'est pas
prononcé par une personne ayant le « pouvoir » de le prononcer, ou, plus
généralement, toutes les fois que « les personnes ou circonstances
particulières » ne sont pas « celles qui conviennent pour qu'on puisse
invoquer la procédure en question », bref toutes les fois que le
locuteur n'a pas autorité pour émettre les mots qu'il énonce."
Pierre Bourdieu, Ce que parler veut dire, Fayard, 1982, p. 103-119.
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