mardi 23 février 2016

Los olvidados



 


Nombreuses et nombreux sont celles et ceux qui - en ce début d'année 2016 via les réseaux sociaux - se sont montrés zélés promoteurs de la série récemment diffusée par Arte, appelée Trepalium. Fable socio-politique (relativement mal mise en scène et surtout très caricaturale), elle pose la question d'un monde divisé en deux camps : d'un côté ceux qui esclaves disposent d'un travail salarié totalement aliénant parce que vide de sens, et de l'autre, tous ceux sans emploi, inutiles, considérés comme déchets et voués à la précarisation culturelle et sanitaire, parqués qu'il sont derrière un mur dont les images de l'actuel territoire israélien n'ont rien à envier...

Il est paradoxal qu'au moment où :
- la très médiatique "question des migrants" (sic) atteint un seuil tel, que l'ensemble des ONG annoncent une catastrophe humanitaire à venir sans précédent sur le territoire européen ;
- l'ensemble des frontières des pays limitrophes de la Grèce dressent un rideau de fer (subtil mixte de barbelé et de contrôles sans ménagement au faciès) ;
- le Royaume du Maroc se prépare à bâtir un véritable mur physique entre sa frontière et celle de l'Espagne
- où finalement à force de populisme réactionnaire, même les gouvernants des états nantis rétablissent entre eux le contrôle des passeports, pourtant devenues obsolètes si l'on s'en réfère aux Traités européens  (France, Allemagne, Belgique, Suède, Danemark, etc ?) ;
il est paradoxal donc (sauf pour les lecteurs attentifs de Jorge Luis Borges ou de René Girard) qu'une fiction nous dévoile dans toute sa crudité insoutenable, dans toute sa barbarie, l'état actuel du Monde et des rapports sociaux qui le composent ...

Aucun mur - qu'il soit en béton où pervers arsenal sémantico-juridico-législatif - n'empêchera les cris de la pulsion de vie de se manifester. Ces murs de la honte sont de ce point de vue plus signifiants de la pulsion de mort morbide dans laquelle le Capital essaie de maintenir l'illusion d'un monde civilisé. En d'autres temps "des vieux" appelaient cela le Spectacle. La boucle est bouclée.
Entre l'obscurantisme religieux et les lumières blafardes de la Raison utilitaire devenue folle, tous ces réfugiés outre qu'ils nous rappellent à l'essence nomade de l'humanité, sont peut-être la chance de demain...

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