Nombreuses
et nombreux sont celles et ceux qui - en ce début d'année 2016 via les
réseaux sociaux - se sont montrés zélés promoteurs de la série
récemment diffusée par Arte, appelée Trepalium. Fable
socio-politique (relativement mal mise en scène et surtout très
caricaturale), elle pose la question d'un monde divisé en deux camps : d'un côté
ceux qui esclaves disposent d'un travail salarié totalement aliénant parce que vide de sens,
et de l'autre, tous ceux sans emploi, inutiles, considérés comme déchets et voués à la
précarisation culturelle et sanitaire, parqués qu'il sont derrière un
mur dont les images de l'actuel territoire israélien n'ont rien à
envier...
Il est paradoxal qu'au moment où :
- la très médiatique "question des migrants" (sic) atteint un seuil tel, que l'ensemble des ONG annoncent une catastrophe humanitaire à venir sans précédent sur le territoire européen ;
- l'ensemble des frontières des pays limitrophes de la Grèce dressent un rideau de fer (subtil mixte de barbelé et de contrôles sans ménagement au faciès) ;
- le Royaume du Maroc se prépare à bâtir un véritable mur physique entre sa frontière et celle de l'Espagne ;
- où finalement à force de populisme réactionnaire, même les gouvernants des états nantis rétablissent entre eux le contrôle des passeports, pourtant devenues obsolètes si l'on s'en réfère aux Traités européens (France, Allemagne, Belgique, Suède, Danemark, etc ?) ;
il est paradoxal donc (sauf pour les lecteurs attentifs de Jorge Luis Borges ou de René Girard) qu'une fiction nous dévoile dans toute sa crudité insoutenable, dans toute sa barbarie, l'état actuel du Monde et des rapports sociaux qui le composent ...
Aucun mur - qu'il soit en béton où pervers arsenal sémantico-juridico-législatif - n'empêchera les cris de la pulsion de vie de se manifester. Ces murs de la honte sont de ce point de vue plus signifiants de la pulsion de mort morbide dans laquelle le Capital essaie de maintenir l'illusion d'un monde civilisé. En d'autres temps "des vieux" appelaient cela le Spectacle. La boucle est bouclée.
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